Tim Burton et Johnny Depp sur le tournage de Dark Shadows. Photo Warner.
Première photo officielle du film Dark Shadows. Photo Warner.
Affiche du film d'animation Frankenweenie en salles le 5 octobre 2012.Disney
Tim Burton, un nom qui dès qu'on le prononce, convoque d'emblée l'émerveillement, la magie et le génie car l'univers burtonien ne ressemble à aucun autre: un univers sombre et poétique à
la fois, joyeusement morbide, étrange et féerique.
Cette année 2012 sera sans aucun doute l'année Tim Burton. Après Une exposition à Paris, prévu en mars prochain, pas moins de 2 films sont annoncés dans le cours de l'année à
venir.L'occasion de revenir sur la carrière de ce génie et évoquer sa prochaine actualité.
SA CARRIERE
Né à Burbank, banlieue paisible, triste et sans âme de Los Angeles ( selon ses dires) c'est ici pourtant que son avenir va se jouer, sous le soleil de Californie et à proximité des grands
Studios. Car si Burbank, n'évoque pas grand chose pour la plupart d'entre nous, c'est pourtant ici que se trouve la plupart des grands studios hollywoodiens dont ceux de la Warner que j'ai ainsi
eu la chance de visiter en octobre 2011.
Loin du formatage et de l'univers trop "sage" des films Disney, c'est bien ici chez Warner que Burton fera ses premières armes et pourra laisser libre cours à son imagination débordante. Après
avoir été remercié par la firme aux grandes oreilles, il deviendra chez Warner le nouveau maitre incontesté du fantastique et de l'étrange.
C'était, il y a aujourd'hui, presque 30 ans. L'aventure débuta un peu par hasard avec le film Pee-Wee, un film de commande, certes, mais qui grâce auquel Burton imposa son style
et gagna ses galons de réalisateur.
C'est alors le début d'une longue et fructueuse collaboration entre Warner avec qui le magicien Burton signera 8 de ces films, et le compositeur, Danny Elfman, dont la musique, personnage à part
entière, deviendra un élément essentiel du monde "Tim Burtonien".
Pee-Wee marque la naissance et la symbiose d'un duo d'esprits géniaux qui signeront à deux, une esthétique immédiatement reconnaissable, les seuls capables de transformer un
projet difficile en succès mondial.
Ainsi naquît, un univers particulier et singulier, décalé et déjanté, si souvent copié mais jamais égalé. Loin du manichéisme Disneyien, ce cinéma là lorgne plutôt du côté du fantastique, de
l'expressionnisme, du conte et du merveilleux et donnera d'abord naissance à Beetlejuice...
Avec Beetlejuice, le jeune Burton, devenu réalisateur fétiche de la Warner, impose l'art de la comédie très très noire et des acteurs ( encore ) inconnus comme Michael Keaton, en
fantôme trash, obsédé et vulgaire qui deviendra, un an plus tard, l'homme chauve-souris dans Batman.
Mais, fin des années 80, Batman c'est surtout un vieux super héros un peu rouillé et les films issus de comics sont plutôt rares et pas encore à la mode.
Loin de l'adaptation kitsch des années 60, Burton va le revisiter totalement, à sa manière, et imposer une image nouvelle du héros, sombre et tourmentée, qui influencera les futurs films de
super-héros. Il se consacre davantage à ceux qui l'intéresse le plus, les méchants plutôt que les gentils. En bon défenseur des marginaux qu'il est, Burton impose un Joker dynamité et
fracassant.
Le film déclenche une véritable Batmania qui appellera un second volet, encore plus torturé et pour lequel Warner lui donne une totale liberté. Il relève "Le Défi " et révèle des méchants bien
plus charismatiques que le héros principal. Face au pingouin ou à Catwoman, Batman est relégué au second plan. Batman, Le Défi est un second opus, plus sombre et plus violent,
considéré meilleur que le premier.
Mais entre les 2 aventures de l'homme chauve souris, va naitre un nouveau personnage, un garçon peu ordinaire, prénommé Edward. L'histoire de cet homme aux mains d'argent c'est, à l'époque, le
rôle que tout le monde veut, même un certain...Michael Jackson qui avouera se retrouver totalement dans ce héros.
Si Burton a depuis longtemps constitué sa petite famille de fidèles, qui le suivront dans chacun de ses films, il manquait cependant, encore, un membre à cette famille. Il est encore
l'idole des midinettes, la star d'une série télé pour ados et n'a pratiquement pas fait de cinéma...Pourtant, Edward aux mains d'argent consacre celui qui deviendra son
"double", son acteur de prédilection et mon acteur préféré: Johnny Depp.
Après Delon/Melville, De Niro/Scorsese, Mastroianni/Fellini, l'écran allait connaitre un nouveau couple de cinéma qui signera ensemble 7 films ( dont 3 chez Warner) pour autant de
chefs-d'œuvre.
Ensemble, prendront vie sur l'écran, le pire réalisateur de tous les temps ( Ed Wood ), un inspecteur de police au XVIII eme siècle ( Sleepy Hollow), Willy
Wonka, l' inquiétant chocolatier (Charlie et la Chocolaterie), le jeune et malheureux, Victor Van Dort ( Les Noces Funèbres ) ou le diabolique barbier de Fleet
Street (Sweeney Todd).
Sombres et gothiques à souhait, les films de Tim Burton, sont souvent des projets longs à aboutir ( un film en moyenne tous les deux ans ), utilisant des techniques de tournage traditionnelles,
un style et un univers très personnel inspiré du néo-gothique.
Car Tim Burton est ce qu'on appelle, un auteur référentiel. Chacun de ses films peut être considéré comme un hommage, une référence aux films ou aux oeuvres littéraires qui l'ont marqués.
Il est certainement le cinéaste le plus influencé par Edgar Allan Poe. Dès son premier court métrage, Vincent, cette passion pour l'auteur de nouvelles fantastiques, apparaît
déjà, conditionnant son œuvre future.
Comme son auteur favori, Burton est un poète. On retrouve ainsi un certain sens de la narration ( voix off ) proche du conte ou cette lutte entre la raison et le rêve chère à Poe. On retrouve
aussi cette même fascination morbide pour les êtres tristes et solitaires, les cadavres, les monstres ou les morts. Dans L'Etrange Noel de Monsieur Jack ( réalisé par Henry
Selick d'après son scénario original), le héros est un horrible squelette qui fait peur et exalte l'horreur et la mort. Dans Les Noces Funèbres, Burton affiche sa préférence pour
le monde des morts, plus vivant et en couleurs, contrairement, à celui des vivants.
SES PROJETS POUR 2012: La Cinémathèque et 2 films.
Après Alice aux Pays des merveilles, pur produit Disney, Tim Burton revient à l'univers plus sombre qu'on lui connait.
Dark Shadows sortira en France en Mai prochain et marquera le 8ème collaboration de Tim Burton avec son acteur fétiche, Johnny Depp, mais aussi le 9ème film de Burton avec La
Warner.
Dark Shadows est l'adaptation d'un feuilleton télévisé américain des années 60, inconnu en France, que Tim Burton regardait quand il était enfant.
Outre son sujet, on sait finalement peu de choses du film si ce n'est qu'il raconte les aventures de la famille Collins qui vie dans un immense et sinistre manoir.
Un rôle haut en couleur pour Johnny Depp, à nouveau grimé, maquillé et costumé, qui incarne le puissant et redoutable Barnabas Collins régnant en maître sur la petite ville de Collinwood avant
d'être victime d'un sort maléfique: celui d'être transformé en vampire et enterré vivant...
Deux siècles plus tard, nous sommes en 1972, Barnabas parvient à s'enfuir de sa tombe et tente de retourner à Collinwood sauf qu'un vampire ne peut pas s'exposer au soleil sinon il meurt...
L'histoire ne s'arrête pas là, c'est un peu court pour un film de Tim Burton!
Il va ainsi faire la connaissance de ses descendants, tous plus psychotiques les uns que les autres: chacun semble avoir un secret plus ou moins lourd à porter.
Loin des vampires modernes, gentilles et ennuyeux à mourir qui ont actuellement le vent en poupe, le special shoot, comprenez les premières photos de tournage, dévoilées en septembre dernier,
promet déjà une ambiance gothique.
Un casting de choix (et de charme), avec, une nouvelle venue chez Burton, Eva Green qui incarne la bien-aimée de Barnabas.
Sans surprise aucune, on retrouvera également au générique, Helena Bonham Carter, épouse du réalisateur dont c'est ici la 7ème collaboration. Son rôle risque, malgré tout, de nous surprendre
comme c'est le cas dans chacune de ses apparitions burtoniennes. Elle est Julia Hoffman, une psychiatre alcoolique.
Mais la vraie surprise, c'est le grand retour, 20 ans après, de Michelle Pfeiffer connue pour avoir interprétée l'inoubliable Catwoman dans Batman Le Défi.
À noter aussi la présence et la vitalité du légendaire Christopher Lee ( mémorable Dracula dans les films de Fisher), qui fêtera, cette année, ses 90 ans et qui incarne le
gardien du cimetière.
Dernière surprise, le chanteur de rock, Alice Cooper, ami de Johnny Depp, interprétera son propre rôle lors d'un bal. L'ambiance devrait être assurée!
Si on pensait avoir tout vu en matière de vampires, Burton devrait nous offrir un beau défilé de fantômes, sorcières et autres loups-garous piégés dans ce vieux manoir.
Selon Helena Bonham Carter, ce film risque d'être difficile à catégoriser et inclassable ( mais c'est finalement un peu le cas de tous les films de Burton et c'est pour ça qu'on les aime tant!)
tant il fait appel à la fois au soap opera, aux films de vampires et au genre comique. On semble finalement pas loin de Mars Attack et ça promet!
Autre info, contrairement à Alice au Pays des merveilles, le film ne sortira pas en salles en 3D car pour Burton les spectateurs doivent avoir le choix, de voir un film en 3D ou
pas, et non être obligé.
Sur les prochains projets du maîte, les rumeurs vont bon train. On parle ainsi d'une suite à Beetlejuice ou même d'une version burtonienne, en stop motion, de La Famille
Addams mais tout cela reste, pour le moment, encore flou.
Une chose est certaine, l'année 2012 sera, sans aucun doute, l'année Burton.
A commencer en Mars 2012, avec l'Exposition Tim Burton qui, après le MoMa à New York, Melbourne, Toronto et Los Angeles, arrive enfin en Europe. Elle sera, à Paris, à la Cinémathèque Française et
pour avoir vu deux fois cette exposition ( à New York puis Los Angeles), je ne peux que vous la conseiller.
Une exposition incontournable pour tous les fans de Tim Burton. Une occasion unique de découvrir le parcours de Tim Burton, de son enfance à Burbank à ses oeuvres d'étudiant jusqu'à ses débuts
chez Disney ou ses collaborations successives avec les grands Studios comme ceux de la Warner.
Sur 600 m2, on trouve entre 600 et 700 éléments dont des pièces rares issues de sa collection personnelle comme des lettres, des compositions ou des œuvres de Tim Burton enfant.
Comme Fellini, Burton est un créateur qui dessine d'abord intégralement tous ses films. L'exposition regorge ainsi de dessins, de storyboards ou de peintures originales mais aussi de figurines (
celles des Noces Funèbres ), de costumes
( la combinaison en cuir de Edward aux mains d'argent, la cape du cavalier sans tête ou le pull angora porté par Johnny Depp dans Ed Wood) ou d'accessoires de
tournages ( le berceau du Pingouin dans Batman, les rasoirs du Barbier de Sweeney Todd). Et cerise sur le gâteau, les plus chanceux pourront assister à la
Cinémathèque à une master-class exclusive du réalisateur le lundi 5 Mars à 15h. Les autres pourront se consoler avec la séance de dédicaces prévue la veille à la librairie du Musée.
Retrouvez très prochainement sur ce blog mon compte-rendu du vernissage et de la Conférence de presse de l'Exposition.
Autre actualité pour 2012, Dark Shadows sortira en France le 9 Mai prochain.
Quant à Frankenweenie, la version longue et animée de son court-métrage de 1984, il clôturera en beauté l'année Burton puisqu'il est prévu le 5 octobre 2012 dans les salles
françaises.
Une bien belle revanche pour Burton qui avait réalisé cette parodie de Frankenstein quand il était encore chez Disney et pour lequel la célèbre major le congédia, jugeant le film trop étrange et
bien loin de leurs productions enfantines et familiales!
Aujourd'hui, producteur du film, Disney ressuscite Frankenweenie sur grand écran et prouve que Burton est sans aucun doute un artiste en avance sur son temps!
Lambinet Lorraine
L'Exposition Tim Burton dans les rues New Yorkaises en 2009.
L'Entrée principale de L'Exposition au MoMa à New York.
Le Hall du MoMa à New York.
L'Exposition est l'occasion de revoir la plupart des films de Burton. Ici les 3 premiers films du réalisateur signés chez Warner.
Une ébauche de celui qui deviendra Edward Aux Mains d'Argent.
Une ébauche de celle qui deviendra Catwoman.
Pull angora porté par Johnny Depp dans Ed Wood.
Peinture originale/1994. Collection privée Tim Burton.
Les marionnettes originales utilisées pour Frankenweenie. En salles fin 2012.
Marionnette originale utilisée pour Frankenweenie. En salles fin 2012.
Le jardin d'un certain Edward...
La scénographie du Lacma de Los Angeles pour L'Expo Burton. Octobre 2011.
Le Studios Warner à Burbank (Californie), "la maison" de Tim Burton.
Photos Lambinet Lorraine
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