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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 22:22

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Les Adieux à la Reine de Benoit Jacquot est ce qu’on pourrait appeler un film d’actrices et participe de ces films écrits, pensés, réalisés pour des actrices. 

Comme François Truffaut en son temps, Benoit Jacquot c’est l’homme qui aime les femmes. Son cinéma de Judith Godrèche (En 1990 dans La Désenchantée ) à Virginie Ledoyen (La Fille Seule en 1995 ) ou Isild Le Besco  ( Sade en 2000 ) n'aura de cesse de confirmer son irrésistible attirance pour les jeunes actrices. Le réalisateur se définit volontiers comme «  un portraitiste » : chacun de ses films est un portrait magnifique, touchant, parfois dérangeant de jeunes femmes, construit autour d’une actrice qu’il admire.

  Avec Les Adieux à La Reine, Benoit Jacquot adapte le livre de la romancière et essayiste Chantal Thomas, (Prix Femina 2002) et revient après La Fausse Suivante, Sade ou Adolphe, aux films en costumes, et plus précisément en juillet 1789, durant les trois derniers jours de la monarchie. 

Dans ce roman, on y retrouve les thèmes chers au réalisateur, celui de la féminité mais aussi l’ambiguité du sentiment amoureux et l’éveil des sens. 

Si les biopics, biographies filmées, ont actuellement la côte au cinéma, Benoit Jacquot évite de réaliser un énième film sur un des personnages le plus cinématographiques de l’Histoire de France, Marie-Antoinette. 

Plutôt que la reine, le film s’attache davantage à la ruche, ce château de Versailles peuplé par ses servantes, ses courtisanes et sa lectrice. 

Plutôt que la chambre royale ou les grands appartements de la reine, le film préfère errer dans l'envers du décor celui des bas-fonds lugubres de Versailles, ses couloirs insalubres, ses chambres austères ou ses souterrains envahis par les rats.

Ce qui intéresse Benoit Jacquot ce n’est pas tant la reconstitution historique mais surtout l’envie de faire ressentir l’Histoire du point de vue d’une femme. 

Les trois premiers jours de  la Révolution Française, car c’est bien de cela qu’il s’agit, sont vus à travers les yeux d’une étrangère à Versailles, une dame de compagnie qui participe à un évènement majeur de l’Histoire de France et face auquel, elle n’est pas en mesure de tout comprendre.

Sidonie Laborde, jeune lectrice de la reine ( beaucoup plus jeune que le personnage du livre) est un témoin naif,  innocent et aveugle de cette panique qui gagne peu à peu les lieux.  Tel un guide, tout est vu en fonction d’elle.  Elle est de chaque plan, des plans serrés, et chaque plan est conçu en fonction d’elle. De la chambre de bonne au Grands salons c'est elle qui nous embarque, via la caméra portée, dans les méandres du château.

Observatrice privilégiée de Marie-Antoinette, Sidonie vit une existence par procuration, une obsession presque amoureuse, un amour inconditionnel, proche d'une groupie, entièrement dévoué à sa reine, prête à tout jusqu'au sacrifice pour se faire aimer.

Ce film trouve une certaine résonnance dans notre époque : il y a quelque chose d'intemporel  comparable à la fascination qu'aurait aujourd'hui un fan pour une star.

  Mais bien plus que Versailles, Les Adieux à la reine c’est l’histoire d’une relation triangulaire entre  3 femmes non sans une certaine ambiguité sexuelle.

Si Sidonie fantasme sur la reine, celle-ci vit une relation fusionnelle avec la Duchesse De Polignac.

Il y a ainsi des rapports de pouvoir, de préférence et un passage de relais dans le film qui  n’est pas sans faire référence au propre Cinéma de Benoit Jacquot.

Ainsi, Virginie Ledoyen, muse de Benoit Jacquot en son temps ( La Fille Seule, La Fausse suivante), ne fait ici qu'une courte apparition laissant le champ libre à une nouvelle venue, une nouvelle héritière, dans le cinéma de Benoît Jacquot.

Pour Incarner cette lectrice, Benoit Jacquot désirait "une actrice en devenir dont la carrière sonnait comme une promesse d'avenir". 

Ce rôle, il a été écrit pour Lea Seydoux, un rôle sur mesure, certainement son plus beau, qui confirme à ceux qui en douteraient encore que la jeune actrice est assurément la plus prometteuse de sa génération. 

Si elle joue aux côtés de deux actrices lumineuses, Virginie Ledoyen mais aussi Diane Kruger qui incarne Marie-Antoinette, c’est pourtant elle qui est ici sublimée, filmée au plus près, se révélant à la fois mystérieuse et sensuelle.

 En apparence classique, Les Adieux à la Reine est un  film résolument moderne loin de l'historiographie ou du film académique. Et si le réalisateur prend des libertés qui pourront paraître dérangeantes pour certains ( l'homosexualité de la reine) son film se veut être davantage un thriller amoureux versaillais qu’un film d’Histoire.

Benoit Jacquot nous invite à une vision inédite de Versailles, la fin d’un règne, le déclin d’une société et le début d'une époque nouvelle, celle de la France moderne mais c’est aussi et avant tout une histoire passionnelle, universelle et intemporelle entre femmes dans laquelle les hommes n’ont résolument pas leur place…

 

 

Lorraine Lambinet

 

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  Lea Seydoux, la révélation de Benoit Jacquot.

 

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  Benoit Jacquot, Conférence de presse du 12 mars, Hotel Carlton-Lyon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 22:26

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Son nom ne vous dit peut-être pas grand chose, il est pourtant l’une des valeurs montantes du cinéma français.

En 2011, après plusieurs rôles de seconds plans, il a gagné en présence dans des rôles qui lui ont valu d'être remarqué par la critique.
On l’a ainsi vu en gitan fougueux et impulsif dans JIMMY RIVIERE, son premier grand rôle dans le film de Teddy Lussi-Modeste ou en gendarme taciturne et taiseux dans l’excellent polar décalé POUPOUPIDOU de Gérald Hustache-Mathieu: deux rôles très contrastés et nuancés, aussi crédible dans la rage que dans le silence, qui prouvent que Guillaume Gouix a déjà tout d'un grand!.

Authentique, sincère et passionné, nous avons rencontré cet acteur prometteur, venu au Cinéma le Zola le 8 mars dernier en tant que membre du jury dans le cadre de QUAIS DU POLAR et sa soirée de courts-métrages, COURTS DU POLAR.

L’occasion de vous le faire connaitre et d’évoquer avec lui le court-métrage, bien sûr, son rôle de jury, ses projets futurs et aussi Woody Allen avec qui il a tourné Minuit à Paris...


Si depuis sa création, en 2010, Courts du Polar soutient le court-métrage et le polar, il soutient également les jeunes auteurs. Guillaume Gouix comme membre du jury à Courts du Polar c’était comme une évidence car en plus d’être acteur, il est aussi réalisateur.
Il a ainsi signé son premier court et reçu aussi son premier prix avec ALEXIS IVANOVITCH VOUS ETES MON HEROS présenté dans de nombreux festivals l'an passé dont Cabourg, Angers ou Cannes d’où il est reparti avec la Mention Spéciale du Jury.
Pour Guillaume Gouix, le court-métrage est "un formidable espace de liberté et de recherche, une forme d’expression moins industrielle que le long-métrage".
Il avoue n’avoir eu aucune contrainte pour son premier court-métrage mais au contraire une certaine liberté dans le choix de son casting (des amis pour la plupart dont le formidable Swann Arlaud ou sa compagne, Fanny Touron), les lieux de tournage ou son sujet ( une histoire d'amour désenchantée).
Aujourd’hui ce court-métrage, juste et sensible, parcourt le monde et vient même d’être acheté par la Chaîne Canal+.


Et Guillaume Gouix ne va pas s’arrêter en si bon chemin: travailler avec des réalisateurs de sa génération (il tourne ainsi souvent des premiers films) lui a semble t-il donné des idées. Il nous a ainsi confié être attiré par le long métrage et être actuellement en pleine écriture.

C'est tout naturellement et de manière très spontanée qu' il a accepté pour Courts du Polar d’être membre du jury cette année. Une première fois pour lui et "une expérience intéressante" même si ce concept reste pour lui bizarre car "comparer des films les uns par rapport aux autres est un exercice difficile".
Cinéphile, il l'est. Il avoue voir beaucoup de films et apprécier particulièrement le cinema de Claire Denis mais aussi les films de Cassavetes ou de Samuel Fuller.

Malgré sa jeune carrière, Guillaume Gouix a déjà des souvenirs plein la tête. Son plus grand souvenir de tournage à ce jour, on lui en souhaite beaucoup d'autres encore, reste le film de Woody Allen, MINUIT A PARIS, qu' il évoque avec beaucoup de sincérité:
" même si tourner, c'est un bien grand mot. Si j'ai tourné, j'ai seulement passé 8 jours sur le tournage. C'était fou et magique à la fois et j’aurai accepté même si mon rôle c’était limité à ouvrir une porte. J’étais fasciné de le voir malgré son âge faire encore du cinéma".

Si le film JIMMY RIVIERE lui a mit le pied à l'étrier avec de nombreuses propositions, tout cela est loin de lui monter à la tête. Guillaume Gouix préfère plutôt prendre son temps et choisir ses rôles, bien convaincu qu'une carrière se construit aussi sur des refus. 
On devrait malgré tout, le croiser cette année encore sur les écrans. Une année résolument belge pour Guillaume Gouix puisqu'on le verra à l’affiche de 2 films belges. Il prendra ainsi la route avec un copain dans MOBIL HOME, le premier film de François Pirot puis dans HORS LES MURS où il incarnera un jeune bassiste homosexuel.
Et une chose est certaine, il n'a pas encore finit de nous surprendre!
Alors, retenez bien son nom car on a pas fini d’en entendre parler!
Nommé cette année aux Cesar dans la catégorie Meilleur espoir Masculin dont il était le grand favori, il est pourtant reparti sans prix mais qu'importe, Guillaume Gouix s'impose doucement et sûrement. À 28 ans, il est encore jeune et quoi qu'il en soit on le surveille de près!

 

Lorraine Lambinet

 

 

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Le Jury Courts du Polar au grand complet. Jeudi 8 Mars 2012, Cinéma le Zola.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 09:59

 

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  Le Cinéma Le Zola de Villeurbanne accueillera le 8 mars prochain la 3ème édition du Concours Courts du Polar.

Présenté dans le cadre du Festival Quais du Polar, l'un des événements les plus importants consacré au genre polar en France ( 37 000 visiteurs en 2011), Courts du Polar est né d'une volonté de s’ouvrir aux jeunes cinéastes et au monde florissant du court-métrage.

Après les films, les livres, les salons consacrés au genre polar, désormais nous avons les courts-métrages noirs.

Parmi les 100 candidatures reçues cette année, ce sont 7 films, les 7 plus beaux hommages au genre, qui ont été retenus et seront en compétition afin de remporter en partenariat avec la Société Transpalux et L’Institut Lumière, le 3ème Prix Courts du Polar.

 Fort de son succès, la sélection s’élargie et s’ouvre désormais à l’Europe entière.

Une occasion unique d'aborder le polar au-delà des frontières et de découvrir une sélection venue des quatre coins de l’Europe. 

  De La Pologne aux Pays Bas, en passant par l’Espagne, le Royaume Uni, La Suisse sans oublier la France, Courts du Polar présente un tour d'horizon des jeunes talents européens.

  Du polar classique au polar psychologique, délirant, visuel ou stylisé, le polar version court sera ce soir dans tous ses états!

  Après l'actrice Myriam Boyer en 2011, c'est Guillaume Gouix ( l'acteur révélé en 2011 dans le polar Poupoupidou ou dans le film Jimmy Riviere pour lequel il a été nommé aux derniers Cesar) et les autres membres du Jury ( Marie Le Gac de Rhône-Alpes Cinéma, le journaliste et critique de cinéma, Vincent Raymond et l'auteur lyonnais, Jean-Pierre Chiron) qui récompenseront le meilleur d'entre eux.

 

Alors, après Nous du français Olivier Hems et après le court-métrage italien Storia Di Nessuno de Manfredi Lucibello qui remportera Le Prix Courts du Polar 2012?

Mystère et suspense....

Le lauréat sera révélé pendant le Festival Quais du Polar le 31 mars prochain, en attendant venez frissonner au Zola le 8 mars prochain!

 

 Lorraine Lambinet

 


Toutes les infos sont sur

www.courtsdupolar.com

 

 

 

 

Les courts-métrages sélectionnés:

 

 - KICK DOWN de Olivier Egli  ( Suisse)

- MAN IN FEAR de de Will Jewell ( Angleterre )

- VANISHING de Bartosz Kruhlik ( Pologne )

- THE ET GAUFRETTES de Delphine Priet-Mahéo ( France )

- SHE’S LOST CONTROL de Haritz Zubillaga ( Espagne )

- TUSSENSTOP de Jan Van Gorkum ( Pays Bas )

- LA HUIDA de Victor Carrey ( Espagne )

 

 

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Guillaume Gouix, acteur et réalisateur :

Après quelques rôles de seconds plans, il est en 2011 l'acteur français qui monte : il a été gendarme taciturne dans le polar décalé Poupoupidou de Gerald Hustache-Mathieu, amoureux romantique dans Et soudain, tout le monde me manque de Jennifer Devoldère et on l'a aperçu dans Minuit à Paris de Woody Allen. Mais c'est sa prestation explosive dans Jimmy Riviere de Teddy Lussi-Modeste qui lui vaut une nomination aux César du meilleur espoir. Il est déjà passé derrière la caméra avec un premier court-métrage, Alexis Ivanovitch vous êtes mon héros présenté à la semaine de la critique au dernier Festival de Cannes.

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Marie Le Gac, responsable du bureau des auteurs à Rhône-Alpes Cinéma

Elle travaille depuis 2007 au sein de Rhône-Alpes Cinéma où sa mission consiste à soutenir et accompagner les écrivains, scénaristes et réalisateurs de la région. Elle désire établir une relation continue entre le court métrage et le long métrage, deux domaines de la création cinématographique soutenus par Rhône-Alpes.

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Vincent Raymond, journaliste et critique de cinéma

Actuellement responsable de la rubrique Culture de l'hebdomadaire Tribune de Lyon, il est aussi en charge d'émissions consacrées à la culture et au cinéma sur la chaîne Lyon TV et codirecteur artistique du Festival de courts métrages Handica Apicil.

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Jean-Pierre Chiron, écrivain

Professeur des écoles, il est l'auteur de plusieurs romans et nouvelles dont La Calanque Turquoise et le polar Les notes qui s'aiment.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 14:53

 

 

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Je suis venu vous dire n' est pas à proprement parlé un documentaire mais c'est bien plus que cela. Bien plus qu’un film hommage, je suis venu vous dire est un portrait original de Gainsbourg, une biographie réinventée contée par l'artiste lui-même à travers quelques archives célèbres, d'autres moins connues, voire pour certaines inédites. 


Ce documentaire, et c'est sa force, évite les images ressassées depuis les 20 ans de la disparition de l'artiste mais propose une imposante et originale compilation de documents savamment montés qu'accompagne comme un fil conducteur tout au long de ces 100 mn, la voix troublante de Gainsbourg.

Comme ressuscité des cieux, le compositeur de génie reprend vie et se raconte, un peu comme si il revenait nous parler et se confier pour nous dévoiler sa face cachée.

Un autoportrait original et un travail de recherche titanesque mêlant à la fois des interviews radio, des interviews télé, des films de famille ou des extraits de concerts, un savant mélange d'images et de son, qui aura rendu la production du film plus complexe que prévue et aura demandé pas moins de 6 mois de montage.

Après le fantasmatique biopic de Joann Sfar, l'approche est peut-être plus sombre mais certainement plus vraie aussi car finalement tout est dit dans le sous-titre du film: Gainsbourg par Ginzburg. Ici, Gainsbarre, la provoc, retire son masque pour redevenir Ginzburg, le timide, et nous parler de Lucien, le mal-aimé. 

Davantage une introspection et un retour sur soi, Je suis venu vous dire s'éloigne du mythe Gainsbourg et convoque Ginzburg pour nous plonger dans l'enfance de Lucien et ainsi mieux comprendre Serge, le provocateur. Et pour comprendre Gainsbourg, telle une psychanalyse, le documentaire revient sur les origines et l'enfance de Ginzburg. 

 

Expérience particulière et troublante à laquelle nous invite ce documentaire et dans lequel on fait éclater les préjugés sur un homme finalement prisonnier de son image. L'artiste évoque ici ses failles affectives, ses fêlures intérieures, ses faiblesses, ses maux, ses frustrations, ses ambiguïtés et ses paradoxes aussi ceux qui engendreront celui qui deviendra le plus grand Génie poétique du XXème siècle.

 

Mal-aimé, c'est dit-on, un mal dont soufre la plupart des grands artistes. Ce non-amour, il se manifeste chez Lucien dès le berceau, "un berceau si près de son cercueil" qu'il ne failli jamais naître. 

Enfant non désiré, on y apprend le miracle de sa naissance ( il raconte que sa mère a tenté d'avorter), sa relation  difficile avec son père qui le battait. 

A 13 ans, pendant la Seconde Guerre Mondiale, il grandit caché et réfugié "sous une bonne étoile. Jaune" à côté du coeur. 

À ses débuts, pendant les années yéyés, "Il n'y avait pas à l'époque des gueules comme moi", il est rejeté et critiqué par leur public en raison d'un physique ingrat. 

 

Gainsbourg n'a jamais vraiment été aimé et ne s'aimait pas non plus. Celui qui a fait les Beaux-Arts et se rêvait en génie de la peinture ( Gainsbourg est d’ailleurs un hommage au peintre anglais Gainsborough) se définit lui - même comme un artiste raté, la chanson n’étant à ses yeux qu'un art mineur. 

Artiste majeur d’un art mineur, il est et restera cette énigme en fuite perpétuelle, se cachant tour à tour derrière Gainsbourg «l’homme qui souffre parce qu’il est mal-aimé» ou derrière Gainsbarre, ce personnage excessif et autodestructeur «qui, un jour a quitté la réalité» pour «attaquer» avec pour armes la provocation.

 

 

Hier, admiré autant que hai, aujourd’hui tout le monde aime Gainsbourg, s’en inspire ou l’imite ( parfois sans talent) devenant l’îcone de toute une nouvelle génération. On pense avoir tout lu, tout vu et tout entendu sur lui, et pourtant, il est difficile de cerner cet étrange personnage qui se livrait peu et qui reste aujourd’hui encore une énigme et qui avouait: 

                      « J’ai donné l’image d’un homme désabusé, c’était un masque. Et puis, si vous retirez ce masque, vous trouverez dessous le visage d’un homme déchiré. J’avais besoin de cette comédie que je dirais dramatique... »

Le réalisateur Pierre-Henry Salfati propose de découvrir derrière le masque, non pas l’artiste, mais l’homme en privé, et approfondit quelques traits de la personnalité de cet homme sensible, intègre et réfléchi qu’était Monsieur Gainsbourg à travers un documentaire unique, émouvant et assurément authentique!

 

Lambinet Lorraine

 

 

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 11:57

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Tim Burton et Johnny Depp sur le tournage de Dark Shadows. Photo Warner.   PHOTO-Dark-Shadows-premiere-image-officielle_image_article_.jpg

Première photo officielle du film Dark Shadows. Photo Warner.

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Affiche du film d'animation Frankenweenie en salles le 5 octobre 2012.Disney

 

 

Tim Burton, un nom qui dès qu'on le prononce, convoque d'emblée l'émerveillement, la magie et le génie car l'univers burtonien ne ressemble à aucun autre: un univers sombre et poétique à la fois, joyeusement morbide, étrange et féerique.

 

Cette année 2012 sera sans aucun doute l'année Tim Burton. Après Une exposition à Paris, prévu en mars prochain, pas moins de 2  films sont annoncés dans le cours de l'année à venir.L'occasion de revenir sur la carrière de ce génie et évoquer sa prochaine actualité.

 

SA CARRIERE


Né à Burbank, banlieue paisible, triste et sans âme de Los Angeles ( selon ses dires) c'est ici pourtant que son avenir va se jouer, sous le soleil de Californie et à proximité des grands Studios. Car si Burbank, n'évoque pas grand chose pour la plupart d'entre nous, c'est pourtant ici que se trouve la plupart des grands studios hollywoodiens dont ceux de la Warner que j'ai ainsi eu la chance de visiter en octobre 2011.
Loin du formatage et de l'univers trop "sage" des films Disney, c'est bien ici chez Warner que Burton fera ses premières armes et pourra laisser libre cours à son imagination débordante. Après avoir été remercié par la firme aux grandes oreilles, il deviendra chez Warner le nouveau maitre incontesté du fantastique et de l'étrange. 

C'était, il y a aujourd'hui, presque 30 ans. L'aventure débuta un peu par hasard avec le film Pee-Wee, un film de commande, certes, mais qui grâce auquel Burton imposa son style et gagna ses galons de réalisateur.
C'est alors le début d'une longue et fructueuse collaboration entre Warner avec qui le magicien Burton signera 8 de ces films, et le compositeur, Danny Elfman, dont la musique, personnage à part entière, deviendra un élément essentiel du monde "Tim Burtonien".
Pee-Wee marque la naissance et la symbiose d'un duo d'esprits géniaux qui signeront à deux, une esthétique immédiatement reconnaissable, les seuls capables de transformer un projet difficile en succès mondial.

Ainsi naquît, un univers particulier et singulier, décalé et déjanté, si souvent copié mais jamais égalé. Loin du manichéisme Disneyien, ce cinéma là lorgne plutôt du côté du fantastique, de l'expressionnisme, du conte et du merveilleux et donnera d'abord naissance à Beetlejuice...
Avec Beetlejuice, le jeune Burton, devenu réalisateur fétiche de la Warner, impose l'art de la comédie très très noire et des acteurs ( encore ) inconnus comme Michael Keaton, en fantôme trash, obsédé et vulgaire qui deviendra, un an plus tard, l'homme chauve-souris dans Batman.
Mais, fin des années 80, Batman c'est surtout un vieux super héros un peu rouillé et les films issus de comics sont plutôt rares et pas encore à la mode.
Loin de l'adaptation kitsch des années 60, Burton va le revisiter totalement, à sa manière, et imposer une image nouvelle du héros, sombre et tourmentée, qui influencera les futurs films de super-héros. Il se consacre davantage à ceux qui l'intéresse le plus, les méchants plutôt que les gentils. En bon défenseur des marginaux qu'il est, Burton impose un Joker dynamité et fracassant.
Le film déclenche une véritable Batmania qui appellera un second volet, encore plus torturé et pour lequel Warner lui donne une totale liberté. Il relève "Le Défi " et révèle des méchants bien plus charismatiques que le héros principal. Face au pingouin ou à Catwoman, Batman est relégué au second plan. Batman, Le Défi est un second opus, plus sombre et plus violent, considéré meilleur que le premier.
Mais entre les 2 aventures de l'homme chauve souris, va naitre un nouveau personnage, un garçon peu ordinaire, prénommé Edward. L'histoire de cet homme aux mains d'argent c'est, à l'époque, le rôle que tout le monde veut, même un certain...Michael Jackson qui avouera se retrouver totalement dans ce héros.
Si Burton a depuis longtemps constitué sa petite famille de fidèles, qui le suivront dans chacun de ses films, il manquait cependant, encore, un membre à  cette famille. Il est encore l'idole des midinettes, la star d'une série télé pour ados et n'a pratiquement pas fait de cinéma...Pourtant, Edward aux mains d'argent consacre celui  qui deviendra son "double", son acteur de prédilection et mon acteur préféré: Johnny Depp.
Après Delon/Melville, De Niro/Scorsese, Mastroianni/Fellini, l'écran allait connaitre un nouveau couple de cinéma qui signera ensemble 7 films ( dont 3 chez Warner) pour autant de chefs-d'œuvre.
Ensemble, prendront vie sur l'écran, le pire réalisateur de tous les temps ( Ed Wood ), un inspecteur de police au XVIII eme siècle ( Sleepy Hollow), Willy Wonka, l' inquiétant chocolatier (Charlie et la Chocolaterie), le jeune et malheureux, Victor Van Dort ( Les Noces Funèbres ) ou le diabolique barbier de Fleet Street (Sweeney Todd).
Sombres et gothiques à souhait, les films de Tim Burton, sont souvent des projets longs à aboutir ( un film en moyenne tous les deux ans ), utilisant des techniques de tournage traditionnelles, un style et un univers très personnel inspiré du néo-gothique.
Car Tim Burton est ce qu'on appelle, un auteur référentiel. Chacun de ses films peut être considéré comme un hommage, une référence aux films ou aux oeuvres littéraires qui l'ont marqués.
Il est certainement le cinéaste le plus influencé par Edgar Allan Poe. Dès son premier court métrage, Vincent, cette passion pour l'auteur de nouvelles fantastiques, apparaît déjà, conditionnant son œuvre future.
Comme son auteur favori, Burton est un poète. On retrouve ainsi un certain sens de la narration ( voix off ) proche du conte ou cette lutte entre la raison et le rêve chère à Poe. On retrouve aussi cette même fascination morbide pour les êtres tristes et solitaires, les cadavres, les monstres ou les morts. Dans L'Etrange Noel de Monsieur Jack ( réalisé par Henry Selick d'après son scénario original), le héros est un horrible squelette qui fait peur et exalte l'horreur et la mort. Dans Les Noces Funèbres, Burton affiche sa préférence pour le monde des morts, plus vivant et en couleurs, contrairement, à celui des vivants.

 

SES PROJETS POUR 2012: La Cinémathèque et 2 films.



Après Alice aux Pays des merveilles, pur produit Disney, Tim Burton revient à l'univers plus sombre qu'on lui connait.
Dark Shadows sortira en France en Mai prochain et marquera le 8ème collaboration de Tim Burton avec son acteur fétiche, Johnny Depp, mais aussi le 9ème film de Burton avec La Warner.
Dark Shadows est l'adaptation d'un feuilleton télévisé américain des années 60, inconnu en France, que Tim Burton regardait quand il était enfant.
Outre son sujet, on sait finalement peu de choses du film si ce n'est qu'il raconte les aventures de la famille Collins qui vie dans un immense et sinistre manoir.
Un rôle haut en couleur pour Johnny Depp, à nouveau grimé, maquillé et costumé, qui incarne le puissant et redoutable Barnabas Collins régnant en maître sur la petite ville de Collinwood avant d'être victime d'un sort maléfique: celui d'être transformé en vampire et enterré vivant...
Deux siècles plus tard, nous sommes en 1972, Barnabas parvient à s'enfuir de sa tombe et tente de retourner à Collinwood sauf qu'un vampire ne peut pas s'exposer au soleil sinon il meurt...

L'histoire ne s'arrête pas là, c'est un peu court pour un film de Tim Burton!

Il va ainsi faire la connaissance de ses descendants, tous plus psychotiques les uns que les autres: chacun semble avoir un secret plus ou moins lourd à porter.
Loin des vampires modernes, gentilles et ennuyeux à mourir qui ont actuellement le vent en poupe, le special shoot, comprenez les premières photos de tournage, dévoilées en septembre dernier, promet déjà une ambiance gothique.


Un casting de choix (et de charme), avec, une nouvelle venue chez Burton, Eva Green qui incarne la bien-aimée de Barnabas.
Sans surprise aucune, on retrouvera également au générique, Helena Bonham Carter, épouse du réalisateur dont c'est ici la 7ème collaboration. Son rôle risque, malgré tout, de nous surprendre comme c'est le cas dans chacune de ses apparitions burtoniennes. Elle est Julia Hoffman, une psychiatre alcoolique.
Mais la vraie surprise, c'est le grand retour, 20 ans après, de Michelle Pfeiffer connue pour avoir interprétée l'inoubliable Catwoman dans Batman Le Défi.
À noter aussi la présence et la vitalité du légendaire Christopher Lee ( mémorable Dracula dans les films de Fisher), qui fêtera, cette année, ses 90 ans et qui incarne le gardien du cimetière.
Dernière surprise, le chanteur de rock, Alice Cooper, ami de Johnny Depp, interprétera  son propre rôle lors d'un bal. L'ambiance devrait être assurée!

Si on pensait avoir tout vu en matière de vampires, Burton devrait nous offrir un beau défilé de fantômes, sorcières et autres loups-garous piégés dans ce vieux manoir. 
Selon Helena Bonham Carter, ce film risque d'être difficile à catégoriser et inclassable ( mais c'est finalement un peu le cas de tous les films de Burton et c'est pour ça qu'on les aime tant!) tant il fait appel à la fois au soap opera, aux films de vampires et au genre comique. On semble finalement pas loin de Mars Attack et ça promet!
Autre info, contrairement à Alice au Pays des merveilles, le film ne sortira pas en salles en 3D car pour Burton les spectateurs doivent avoir le choix, de voir un film en 3D ou pas, et non être obligé.

Sur les prochains projets du maîte, les rumeurs vont bon train. On parle ainsi d'une suite à Beetlejuice ou même d'une version burtonienne, en stop motion, de La Famille Addams mais tout cela reste, pour le moment, encore flou.

Une chose est certaine, l'année 2012 sera, sans aucun doute, l'année Burton.


A commencer en Mars 2012, avec l'Exposition Tim Burton qui, après le MoMa à New York, Melbourne, Toronto et Los Angeles, arrive enfin en Europe. Elle sera, à Paris, à la Cinémathèque Française et pour avoir vu deux fois cette exposition ( à New York puis Los Angeles), je ne peux que vous la conseiller.

Une exposition incontournable pour tous les fans de Tim Burton. Une occasion unique de découvrir le parcours de Tim Burton, de son enfance à Burbank à ses oeuvres d'étudiant jusqu'à ses débuts chez Disney ou ses collaborations successives avec les grands Studios comme ceux de la Warner.
Sur 600 m2, on trouve entre 600 et 700 éléments dont des pièces rares issues de sa collection personnelle comme des lettres, des compositions ou des œuvres de Tim Burton enfant.
Comme Fellini, Burton est un créateur qui dessine d'abord intégralement tous ses films. L'exposition regorge ainsi de dessins, de storyboards ou de peintures originales mais aussi de figurines ( celles des Noces Funèbres ), de costumes

( la combinaison en cuir de Edward aux mains d'argent, la cape du cavalier sans tête ou le pull angora porté par Johnny Depp dans Ed Wood) ou d'accessoires de tournages ( le berceau du Pingouin dans Batman, les rasoirs du Barbier de Sweeney Todd). Et cerise sur le gâteau, les plus chanceux pourront assister à la Cinémathèque à une master-class exclusive du réalisateur le lundi 5 Mars à 15h. Les autres pourront se consoler avec la séance de dédicaces prévue la veille à la librairie du Musée. 

Retrouvez très prochainement sur ce blog mon compte-rendu du vernissage et de la Conférence de presse de l'Exposition.

Autre actualité pour 2012, Dark Shadows sortira en France le 9 Mai prochain.
Quant à Frankenweenie, la version longue et animée de son court-métrage de 1984, il clôturera en beauté l'année Burton puisqu'il est prévu le 5 octobre 2012 dans les salles françaises.
Une bien belle revanche pour Burton qui avait réalisé cette parodie de Frankenstein quand il était encore chez Disney et pour lequel la célèbre major le congédia, jugeant le film trop étrange et bien loin de leurs productions enfantines et familiales!

Aujourd'hui, producteur du film, Disney ressuscite Frankenweenie sur grand écran et prouve que Burton est sans aucun doute un artiste en avance sur son temps!

 

Lambinet Lorraine

 

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L'Exposition Tim Burton dans les rues New Yorkaises en 2009.

 

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L'Entrée principale de L'Exposition au MoMa à New York.

 

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Le Hall du MoMa à New York.

 

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L'Exposition est l'occasion de revoir la plupart des films de Burton. Ici les 3 premiers films du réalisateur signés chez Warner.

 

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Une ébauche de celui qui deviendra Edward Aux Mains d'Argent.

 

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Une ébauche de celle qui deviendra Catwoman.

 

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Pull angora porté par Johnny Depp dans Ed Wood.

 

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Peinture originale/1994. Collection privée Tim Burton.

 

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Les marionnettes originales utilisées pour Frankenweenie. En salles fin 2012.

 

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Marionnette originale utilisée pour Frankenweenie. En salles fin 2012.

 

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Le jardin d'un certain Edward...

 

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La scénographie du Lacma de Los Angeles pour L'Expo Burton. Octobre 2011.

 

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Le Studios Warner à Burbank (Californie), "la maison" de Tim Burton.

 

 

 

 

 

 

Photos Lambinet Lorraine

 

 

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 10:45

 

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Pathé Bellecour à Lyon. Ludivine Sagnier et François Begaudeau. 12 Janvier 2012. 

 

 

 

 

La  leçon de cinéma de Ludivine Sagnier, il faut bien l'avouer, cet événement annoncé par le Pathé Bellecour à Lyon, avait de quoi surprendre.

Initié par le Gaumont Parnasse à Paris avec Catherine Frot, Nathalie Baye, Karin Viard ou Christophe Honoré, le principe des leçons de Cinema consiste à revenir en images sur la filmographie d'une personnalité du 7ème Art par le biais d'extraits savamment choisis par l'animateur de la soirée, le romancier et scénariste François Begaudeau.

Après, l'affable et infatigable Vincent Lindon qui avait inauguré avec succès la formule en septembre dernier à Lyon, ce choix avait de quoi surprendre.

Le 12 janvier, c'est donc une jeune comédienne de 32 ans dont la carrière a débuté il y a à peine 10 ans qui a donné sa première leçon de Cinéma.

Et Bravo, Mademoiselle Sagnier, vous avez prouvé qu'une Leçon de Cinéma ne se mesure ni au nombre d'années et encore moins au nombre de films.

Pendant presque 2h, l'actrice a honoré ( pour reprendre le nom d'un de ses réalisateurs fétiches ) de sa présence la salle comble du Pathé Bellecour. Elle s'est ainsi montré très disponible, un peu timide et plutôt lucide, évoquant ses débuts, son parcours et sa conception du 7ème Art.

 

C'est par un extrait du film Molière de Laurent Tirard que la leçon débute et dans lequel l'actrice incarne le personnage de Célimène. L'occasion pour François Begaudeau de revenir avec elle sur ses débuts au théâtre:

Si après des cours de théâtre à Sèvres, elle entre à 15 ans au Conservatoire Régional d'Art Dramatique de Versailles, ce n'est, à l'époque, ni par envie ni par passion mais bien pour faire "comme sa soeur" et " surtout pour fuir les cours de piano" imposés par sa famille.

Aujourd'hui, elle peut se targuer d'avoir déjà une très belle carrière à faire pâlir certaines actrices. Celle qui avoue ne pas avoir vraiment de plan de carrière parvient depuis 10 ans à inspirer les réalisateurs les plus prestigieux du cinéma français.

D'Alain Corneau àClaude Chabrol ou Claude Miller, en passant par François Ozon ou Christophe Honoré, elle est devenue la muse de l'ancienne et de la nouvelle génération du cinéma français.

Devant leur camera, elle devient l'incarnation du fantasme entre la femme fatale, objet de tous les désirs, et la nymphette un peu énervante et odieuse.

Ses rôles font souvent appel à un éventail de personnages plus ambigus et complexes qu'il n'y parait car Ludivine Sagnier  "a cette possibilité d'être changeante, comme si elle se cherchait elle même" dixit Alain Corneau.

Ce qui rend Ludivine Sagnier peu ordinaire c'est qu'elle est multiple.

Les extraits suivants en témoignent et révèlent une actrice aux multiples facettes qui se métamorphose sans cesse, tour à tour, manipulatrice et manipulée, ingénue et garce, sage et provocatrice, femme et enfant.

Avec 8 Femmes, François Ozon, avec qui, elle signera 3 films, la révélera définitivement au grand public. Elle y joue le rôle de Marguerite, une jeune fille qu'on imagine fraîche et innocente et qui se révélera au final bien insolente et manipulatrice.

Quand François Begaudeau rappelle l'impressionnant casting du film ( Deneuve, Huppert, Ardant, Béart...), l'actrice se souvient qu'à l'époque, elle n'avait pas eu droit au même traitement que les autres actrices du film. Sur le tournage, régnait une sorte de hiérarchie. Ainsi débutait les gros plans sur Deneuve et Huppert, puis Virginie Ledoyen qui était enceinte à l'époque, puis Béart...Elle avouera, avoir souvent fait ses plans seule, ses partenaires ayant déjà quitté le plateau excepté "la grande Catherine" car "Catherine c'est la classe!" dit-elle. Et si chacune avait son propre chauffeur, elle " arrivait et repartait en 205" avec Firmine Richard.

Elle en sourit aujourd'hui et avoue être toujours autant impressionnée par Catherine Deneuve qu'elle a récemment retrouvé sur le tournage du film les Bien-Aimés.

 

 

L'extrait de La Petite Lili de Claude Miller où elle incarne une jeune actrice prête à tout pour connaître le succès est l'occasion d'aborder ses choix de carrière.

Une carrière cohérente qui se distingue par son refus des compromis. Ludivine n'est pas une opportuniste, elle avoue être assez exigeante, n'accepter que ce qui lui plaît et avoir refusé des projets qui "auraient pût lui rapporter un paquet d'argent".

Tourner peu, mais bien, pourrait être son adage. Ne pas enchaîner les tournages ne l'inquiète pas car elle dit avoir une vie personnelle épanouie ( elle est maman de 2 petites filles) qui l'occupe à plein temps.

Ludivine Sagnier est une cinéphile, elle avoue aller beaucoup au cinéma, tout regarder mais avoir tout de même une prédilection pour le cinéma art et essai.

Et à regarder de près sa  carrière, on est frappé par la grande proportion de films d'auteur. On verra, d'ailleurs, un extrait du film Une Aventure de Xavier Giannoli, film d'auteur par excellence, dans lequel elle y est à nouveau ambigüe et complexe dans le rôle de Gabrielle, une jeune femme qui souffre de somnambulisme tantôt femme-enfant vulnérable, tantôt fatale.

Loin de choisir la facilité, on note des projets souvent singuliers et originaux, comme le film musical de Christophe Honoré, Les Chansons d'Amour (devenu le film culte de toute une génération) ou l'extrait suivant, une scène du film de Fabienne Berthaud, Pieds nus sur les limaces que je n'avais personnellement pas vu.

Ludivine Sagnier y incarne Lily, une jeune femme en marge, entre désespoir et fantaisie. Elle révèle s'être inspiré de ses deux enfants et d'une amie à elle pour incarner cette fille libre à la fois drôle, exubérante et folle. On comprend très vite que l'amie en question porte un nom de famille célèbre et qu'il s'agit de Julie Depardieu. Un rôle pour lequel, elle a dû prendre du poids, oublié qui elle était et qui lui a laissé, dit-elle, des traces dont elle avoue avoir encore du mal à se défaire. Pour avoir que très récemment vu ce film, je dois dire qu'elle y est véritablement fascinante et bouleversante.

 

Sur ses prochains projets, elle reste modeste, avouant "écrire dans son petit coin" avec son compagnon ( le réalisateur Kim Chapiron) le scénario et le rôle qu'on ne lui a pas encore offerts.

Et si elle évoque son admiration pour Valérie Donzelli, Mélanie Laurent ou Maiwenn, cette nouvelle vague de comédiennes qui passent à la réalisation, il est pour elle inconcevable de passer un jour derrière la caméra: "vivre avec un réalisateur fait comprendre à quel point c'est un métier difficile qui demande trop de travail et trop de pression".

 

En tout cas, si il y a une chose qu'elle aime Ludivine Sagnier c'est chanter. Elle l'a prouvé dans quelques films déjà, ceux de Christophe Honoré en particulier.

Avec un peu de réserve, elle nous confiera, vouloir, pourquoi pas, sortir un album " et faire ma Mélanie Laurent" précise t-elle avec humour.

Mais, elle préfère prendre son temps. Elle est comme ça, Ludivine Sagnier.

En attendant, on découvrira la demoiselle sur scène au prochain Festival d'Avignon dans une pièce de Christophe Honoré aux côtés de Louis Garrel et Chiara Mastroianni. Pourquoi changer une équipe qui gagne?

 

 

Lambinet Lorraine

 

 

 

 

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 15:42

 

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JoeyStarr et Frédéric Beigbeder. Photo Lambinet Lorraine.

 

 

Ce n'est pas la première fois que Frédéric Beigbeder voit un de ses romans porté à l'écran.
Après 99 Francs, adapté par Jan Kounen en 2007, L'Amour dure 3 ans, son 3ème roman publié en 1997, arrive le 18 janvier sur nos écrans.
Mais c'était sans compter un nouveau phénomène actuel dans le cinema français celui de l'adaptation de livres par leurs propres auteurs.
Après Foenkinos et son adaptation réussie de La Délicatesse, c'est donc au tour de Beigbeder de flirter avec le cinéma.
Et force est de constater que ce sont ceux qui en parlent le plus qui en font le moins. Après, avoir beaucoup parlé et critiqué le cinéma dans son Émission Le Cercle qu'il anime chaque semaine sur Canal+, le voici donc derrière la caméra.
C'est d'abord ce titre, provocateur comme un slogan publicitaire, qui ne peut m'empêcher d'avoir, dès le début, quelques préjugés sur ce film. Je ne pensais, malheureusement, pas si bien dire.

Beigbeder signe un film aux tonalités biographiques limites narcissiques. Ainsi, après avoir épinglé avec 99 Francs le monde de la pub, l’Amour dure 3 ans, livre en pâture un autre monde qui lui est bien familier, celui de l’Edition.
L’Amour dure 3 ans est une comédie bien plus narcissique que romantique. La relation amoureuse, vendue par la Bande-annonce, est presque un prétexte tant elle est maladroite, superficielle et sans profondeur.
Beigbeder signe un film un peu trop "branché" pour être honnête, tente d’en mettre plein la vue, en vain...On regrettera ce côté Snob et prétentieux d’un Beigbeder qui ne fait qu'imiter Truffaut, Woody Allen ou singer les comédies américaines de Judd Apatow pour finalement rester ancré dans son cosmos parisien entre copains.

Cependant, Beigbeder, l’ancien publicitaire ( il possède un DESS marketing publicité) a semble t-il gardé quelques notions de marketing. A défaut d'être un bon réalisateur, Beigbeder révèle un talent indéniable de publicitaire qu'il met, tout au long du film, au profit de la chaîne qui l'a vu naître, Canal +.
Et Canal+ ce n'est pas n'importe quelle chaine. Mais ça, c’est  sans compter les questions économiques et financières du cinéma français...
Pour faire simple, le premier investisseur et producteur du cinéma c’est la télévision et Canal+ en est un acteur majeur.

Je me suis ainsi laissé prendre à un petit je, une sorte de petite enquête, totalement hors sujet, mais sans remords...le film ne mérite pas mieux.
Oui. Je dois bien l'avouer, plutôt que de savoir si l'amour dure vraiment 3 ans ou pas, je me suis amusé à trouver quels étaient les liens  des "acteurs" avec la télévision ou avec la chaine Canal +.

Tout commence avec la présence au générique de Louise Bourgoin. Si on l'a vu dans Les Aventures extraordinaires d' Adèle Blanc-Sec, déjà distribué par EuropaCorp et réalisé par Luc Besson, c'est bien en tant que miss météo du Grand Journal de la célèbre chaîne cryptée, qu'elle a été révélé au public.
Drôle et sexy, elle révolutionnera avec talent l'image potiche des présentatrices météo.
Je n'ai à priori rien contre Louise Bourgoin car, me direz-vous, si elle ne fait pas de bons films, elle n'est pas si mauvaise actrice que ça. En effet.

Seulement voilà, après Miss Météo, voici que débarque une flopée d'autres seconds rôles plus télévisuels les uns que les autres, à commencer par la blonde la plus nunuche du paf: Frédérique Bel révélée sur la même chaîne et La Minute blonde et qui nous fait son show de ...la blonde nunuche.

Si le film m'a bien amusé ce n'est malheureusement pas pour les bonnes raisons.
Le défilé se poursuit avec Jonathan Lambert révélé lui aussi par la télévision chez Ruquier sur France 2 dans On n'est pas couché et qui débuta en 2002 sur Canal + avec  l'Emission L'Hypershow, co-animée avec un certain Beigbeder.
Quant à Gaspard Proust qui incarne Marc Marronnier, auteur et dandy nocturne, genre de faux-double de Beigbeder, il n'est pas non plus acteur mais humoriste.
Et lorsque son personnage connait enfin le succès dans l'Edition, s'ensuit une promotion à la télévision du livre à succès. Une promotion qui a lieu comme elle se doit sur le plateau... du Grand Journal, la même émission à laquelle Beigbeder participa comme chroniqueur littéraire aux côtés de Michel Denisot de 2005 à 2007.
On a aussi droit à Thierry Ardisson sur le plateau de son émission "Salut Les Terriens".
Puis, surprise, après Canal, c'est Itélé et Olivier Benkemoun qui débarquent. Mais j'avais oublié qu' ITélé est une filiale du groupe Canal+...

Si on connaît les liens instaurés entre le cinéma et la télévision et le financement du premier par le second, j'étais loin d'imaginer à quel point ceux-ci pouvaient influencer à ce point un projet. Et dire que Beigbeder prétend que son "but c'est surtout de surprendre" c'est un peu léger et très caricatural.
Comme ces rôles ( trop ) à contre-courant dont on reprochera quelques fautes de gout un tantinet racoleur comme un Nicolas Bedos doté d'un micro pénis ou un JoeyStarr, vu récemment dans Polisse, en apprenti homosexuel s'entichant d'un surfeur ou accompagnant un Michel Legrand au piano... on a vu plus subtile!

Il est certain que face aux films noirs de ce début d'année ( Millenium, J.Edgar...) l'Amour dure 3 ans trouvera sans aucun doute sa place au rayon de la comédie divertissante et légère mais je terminerai tout de même avec le célèbre slogan de la chaîne cryptée:
Si Canal+ se positionne comme "créateur original de programmes originaux", cet amour là qu'il dure 3 ans ou pas, est loin d'être original...


Lambinet Lorraine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 17:25

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 11:33

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La 11eme Edition du FIFM, le Festival International du Film de Marrakech qui avait lieu en décembre dernier a révélé au public les talents de demain. Quinze films et autant de nationalités différentes étaient en compétition. Parmi les lauréats, on notait la part belle faite aux premiers films. Des premiers films prometteurs, sans vedettes et souvent inédits, qui ont tout raflé cette année.
On peut ainsi se réjouir qu’un festival comme celui de Marrakech, malgré son jeune âge, ait déjà conquis sa légitimité, en révélant chaque année au monde des petites pépites rares voire inconnues.
Il s’affirme désormais comme étant un rendez-vous cinématographique incontournable, le plus important du monde arabe et du continent africain, même si, il faut le reconnaître, cette édition aura été particulièrement pauvre en film.
Raison de plus pour se concentrer essentiellement sur ceux qui m’ont le plus marqué.

Si dehors, le soleil était au rendez-vous, dans les salles, l’ambiance était toute autre: des films  sombres parfois violents portant sur des sujets difficiles comme la mort, les déviances sexuelles ou des problèmes de société. Des films forts et engagés ayant presque tous le même fil conducteur. Ainsi, cette année, il était beaucoup question de solitude et d’isolement.
 
Marrakech édition 2011 voit ainsi naître une nouvelle étoile avec la jeune révélation d’un premier film audacieux. Déjà remarqué dans plusieurs festivals, WITHOUT de Mark Jackson     ( qui écrit, produit et réalise ce film) est un film déroutant et osé qui brise tous les tabous abordant des sujets tels que l’homosexualité, le suicide ou l’handicap et confirme tout le talent de sa jeune actrice. Joslyn Jensen, 20 ans, retenez bien ce nom ( en espérant que ce petit film indépendant américain sorte un jour en salles) remporte le Prix de la meilleure interprétation féminine (après l’avoir déjà remporté en novembre dernier au Festival de Mar Del Plata).
Elle livre une performance incroyable et incarne de manière saisissante, cette jeune fille partie seule sur une île perdue et isolée pour fuir un passé douloureux et s’occuper d’un vieux monsieur sénile et paraplégique. Dans ce film, Joslyn Jensen révèle des talents multiples et prouve qu’elle n’est pas qu’une actrice talentueuse. Son autre métier est de se produire sur scène car elle est aussi chanteuse. Un talent qui n’aura pas échappé au réalisateur et qu’il met en scène dans son film: face à cette solitude imposée, ce vieil homme paraplégique qui ne peut dire un mot, Joslyn s’improvise chanteuse et joue parfaitement du Ukulele. On se souviendra longtemps de cette chanson, «Lollipop», cette parenthèse enchantée que s’offre l’héroïne loin des doutes et de la solitude.   
 
Autre île, autre solitude et autre pépite découverte lors de cette 11eme Édition, le premier film de la danoise Frederikke Aspöck, OUT OF BOUNDS ( présenté en Séance Spéciale hors compétition au dernier festival De Cannes sous le titre Labrador ).  
Ce huis-clos glacial et minimaliste remporte l’Etoile d’Or. L’histoire se déroule sur une île sauvage, venteuse et hostile où Stella et son compagnon viennent rendre visite à son père, un vieil artiste alcoolique qui vit seul et loin de tout. Une visite qui changera leur vie à tout jamais. Une réunion de famille qui tourne à l’affrontement, digne des films de Bergman où les rapports humains se révèlent souvent fragiles et la vie conjugale bien difficile.

 
LOUISE WIMMER, le film français de la compétition, repart sans prix mais avec une très belle presse. Issu du documentaire, Cyril Mennegun signe son premier film: un drame social sur une femme divorcée qui se retrouve sans logement.
Louise Wimmer c’est l’histoire de cette femme insoumise et révoltée, une héroïne atypique qu’on a pas l’habitude de voir dans le cinéma français.  
L’autre révélation de ce festival, c’est elle, la grande ( au propre comme au figuré) Corinne Masiero dont c'est ici le premier rôle principal au cinéma ( malgré une longue carrière au théâtre ou à la télévision). Magnifique et bouleversante dans le rôle de cette héroïne des temps modernes, l’actrice incarne Louise Wimmer, la cinquantaine, seule, divorcée, le visage marquée par les épreuves de la vie.
Sa vie d’avant, elle l’a laissé derrière elle. Elle appartient à cette catégorie des travailleurs dits «précaires» car Louise travaille mais son salaire ne lui permet pas d’avoir un logement. Louise Wimmer c’est la lutte d’une femme pour sa survie: au bord du précipice, endettée, sa voiture comme seul logement, elle se bat pour ne pas sombrer et repartir à zéro. Telle une mère-courage, elle reste digne et ne laisse rien paraître de ce qui l’accable. Elle va tout faire pour reconquérir sa vie, s’en sortir, obtenir un logement.
Par ces temps de crise, Louise Wimmer est un film social courageux et d’une grande intensité mais c’est surtout une belle leçon d’optimisme et d’espoir!
Coincidence ( ou pas ), le film sortira en France, le 4 janvier, le même jour que le film de Cédric Kahn, Une Vie Meilleure qui aborde un fait de société similaire celui d’un combat du quotidien, le surendettement et l’aspiration d’une vie meilleure. Si on retrouve chez chacun cette même dignité, un sujet pas évident, celui de Kahn, grâce à ses acteurs jeunes et populaires ( Guillaume Canet et Leila Bekhti) risque d’être plus médiatisé que celui-ci. Certes, Corinne Masiero, 47 ans, n’a pas les atouts d’une jeune première, elle nous offre malgré tout un beau portrait de femme, à voir absolument!

 Le grand vainqueur de cette édition reste le film SNOWTOWN de Justin Kurzel qui après les succès récents de Sleeping Beauty ou Animal Kingdom, marque le renouveau du cinéma australien. Snowtown remporte 2 prix, celui du Jury et le Prix du Meilleur acteur pour Daniel Henshall dans son premier rôle. Ce film, inspiré de faits réels, retrace l’histoire du serial killer le plus célèbre d’Australie. Loin d’être une glorification de la violence, le film tente plutôt d’en comprendre les origines, et la nature du mal.
Justin Kurzel, un nouveau cinéaste à suivre de près puisque le film n’était déjà pas passé inaperçu lors du Festival de Cannes remportant le Prix FIPRESCI qui récompense «un cinéma de genre, risqué, original et personnel». Attention tout de même, ce film est interdit aux moins de 16 ans.

 Le voyage jusque Marrakech fut aussi l'occasion de replonger au coeur de l'oeuvre d'un des réalisateurs les plus fantaisistes et loufoques du cinéma. Les Master class resteront probablement comme les meilleurs moments du festival, une occasion exceptionnelle de traverser l’écran et d’aborder la cinéma dans son processus de création et de fabrication. Cette année, c’est Terry Gilliam, l’ex Monthy Python, qui nous a embarqué dans son univers si singulier.
L’écouter, commenter des extraits de ses films comme Brazil, Las Vegas Parano, Les Frères Grimm ou L’Imaginarium du Docteur Parnassus reste une expérience fascinante.
Captivant, il est ainsi revenu sur ses inspirations, l'importance du dessin et l'influence des livres et de la peinture sur ses films.
Loin de se définir comme un auteur, il lui préfère le mot «filtreur», considérant que ses films sont des compositions, des idées inspirées des personnes qui l'entourent et qu’il agit simplement comme un filtre.
Il est revenu sur le cinéma hollywoodien, regrettant que la plupart des films soient devenus «de simples divertissements, des manèges merveilleux mais malheureusement sans substance...».
Sa folie, il l'explique avec humour, par cette fièvre qui est survenue lorsqu'il était enfant et qui lui aurait "endommagé le cerveau".
Une fièvre bienheureuse qui nous a offert la primeur de sa toute dernière création ici à Marrakech. WHOLLY FAMILY est la dernière petite surprise de Terry Gilliam et elle est italienne. Ce court métrage de 20 minutes est une petite merveille, produit en Italie. Un court métrage délirant qui raconte l'histoire d'un gamin américain en voyage à Naples avec ses parents, dont le comportement impossible et capricieux va changer suite à une rencontre inattendue. Un voyage étrange entre mythe, réalité et imagination et surtout un bel hommage au cinéma italien qu’il adore, en particulier Federico Fellini avec qui il partage ce même gout de l’absurde.
(Pour découvrir la Bande-Annonce: http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoafzPTU.html ).

On se souviendra également des anecdotes passionnantes de Jean - Jacques Annaud ( malgré son dernier film peu passionnant, Or Noir) qui est ainsi revenu sur son parcours atypique, ses débuts dans la publicité, ses premiers films et sa passion du cinéma.
Se considérant comme un pur produit des écoles de Cinéma (à 20 ans il sortait à la fois de La Fémis et de Louis Lumière ), Annaud deviendra d’abord une star de la pub. 300 films publicitaires plus tard et une consommation intense de 3 films/jour, le cinéma s'imposa définitivement à lui. Telle une addiction, il voit tous les films de la Cinémathèque et découvre Eisenstein, Kurosawa ou Renoir, son réalisateur favori qu'il rencontrera lors de la sortie de son premier film, la Victoire en chantant. Renoir le félicite sur ce film qui remportera pourtant l'Oscar du Meilleur film Etranger en 1976.
Ce film n’a jamais marché en France. Aujourd’hui encore, chacune de ses diffusions à la télé ne fait aucune audience. Pourtant, Jean-Jacques Annaud est fier de ce film: «J’ai fait le film que voulait mon coeur. C’est un film sincère. Au cinéma, la passion ne se fabrique pas».
Chaque extrait de ses films ( La Guerre du Feu, Le Nom de La Rose, L’Amant...) est l’occasion de revenir sur sa carrière.
Le réalisateur nous a livré des secrets de tournage, comme les trucages à l’ancienne, des arbres en plastique, utilisés sur L’Ours pour la cette scène culte du combat entre l’ourson et le puma. Un puma qui, contrairement au scénario, avait peur de l’ourson...
Il est aussi revenu sur un des thèmes principaux de ses films, la transmission. Comme dans son dernier film Or Noir, il raconte le destin de deux frères grandissant dans l’ombre d’un père puissant. La filiation et la paternité sont des thèmes récurrents de son cinéma qu’il explique par son enfance: « J’ai appris tard, que je n’étais pas le fils de celui que je croyais».

Etonnant cheminement pour ce festival d’abord né dans des circonstances exceptionnelles, à l’époque trouble du 11 septembre 2001, a été boycotté et malgré tout maintenu, a subi et pâti du décès de son fondateur, Toscan Du Plantier, de la concurrence du Festival de Dubaï, mais réussit peu à peu à imposer son identité. A 10 ans, l’âge de raison, il connaît une certaine maturité et ne cesse de gagner en notoriété et en qualité. Il a ainsi vu naître Fernando Meirelles avec La Cité de Dieu,  Alexander Payne avec Sideways, révélé le film  C.R.A.Z.Y de Jean-Marc Vallée ou plus récemment Animal Kingdom.
Aujourd’hui, le festival de Marrakech constitue, sans aucun doute, une belle vitrine afin de promouvoir le Maroc comme terre de cinéma et faire vivre les films.
Si Les Crimes de Snowtown vient de sortir en France, en salles depuis le 28 décembre, on regrettera cependant qu’aucune sortie ne soit encore programmée pour les deux autres lauréats, WITHOUT  et OUT OF BOUNDS...A suivre!

Lambinet Lorraine

 

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Joslyn Jensen, Prix d'Intreprétation féminine, pour le WITHOUT de Mark Jackson.

 

 

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OUT OF BOUNDS: Etoile D'Or                                         SNOWTOWN: Prix d'Interprétation Masculine, Daniel Henshall.

 

 

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LOUISE WIMMER: Corinne Masiero, une grande découverte. WHOLLY FAMILY: la dernière surprise de Terry Gilliam.

 

 

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                              MON ALBUM PHOTOS

 

 

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Avec Joslyn Jensen au Festival de Marrakech.       Avec Jessica Chastain, membre du Jury 2011.

 

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Terry Gilliam à l'issue de sa Master Class animée par Jean-Pierre Lavoignat.

 

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Jessica Chastain à la sortie d'une séance.

 

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La Master Class de Jean-Jacques Annaud.

 

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Jean-Jacques Annaud avec des étudiants du Mali après sa Master Class.

 

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La Salle du Congrès avant une séance officielle.

 

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Hommage à l'acteur d'origine Marocaine, Roshdy Zem.

 

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Hommage au Cinéma Mexicain.

 

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Arizona Dream by Emir Kusturica                                           LA Vie de Brian by Terry Gilliam

 

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Tree Of Life by Jessica Chastain                                               L'amant by JJ Annaud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 12:50

 


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Conférence de Presse du film LA DELICATESSE avec Stéphane et David Foenkinos (l'auteur du livre) et l'acteur François Damiens. Hotel Sofitel, Lyon, décembre 2011. Photos: Lambinet Lorraine.

 

 

La Délicatesse est ce qu'on appelle un best-seller dans le monde de l'édition: 700 000 exemplaires vendus, traduit dans 21 pays et lauréat de 10 Prix littéraires. Encensé par les lecteurs, les critiques et coups de coeur des libraires, autant dire que, adapter ce livre au cinéma c'était le pari un peu fou de son auteur, David Foenkinos.
Après le livre, voici donc le film, mais n'y voyez pas l'une de ces nombreuses adaptations opportunistes surfant sur la vague d'un succès littéraire. L'adaptation a été envisagé et le tournage amorcé avant même le succès du livre.
Et si on a tendance en général, à se méfier des adaptations de livre à succès, ici, il y a, à vrai dire, comme une réelle cohérence: il n'y avait finalement personne de plus destiné que l'auteur lui-même, accompagné de son frère Stéphane, pour réaliser ce film.


Si on évite d'emblée les éternelles critiques sur l'infidélité du film au roman, pour ceux qui ont lu, La Délicatesse, ce n'est certainement pas le livre le plus cinématographique qui existe.
Pour beaucoup, cette adaptation relevait même du défi voire de l'infaisable.
Davantage que son histoire, somme toute simple et banale, c'est son écriture fine et soignée, sa plume, légère et précise, son style emprunt de sensibilité et de...délicatesse qui rend cette oeuvre si singulière.

Alors se posait la question du comment. Comment traduire en images et en son, l' histoire plutôt simple de Nathalie, de son chagrin, sa solitude, après le décès précoce de son mari?
Comment traduire le parcours psychologique de cette jeune femme, son enfermement sur elle-même, puis l'émerveillement et sa renaissance ?

Première chose à retenir: quand deux frères se réunissent pour réaliser un film, on est rarement déçu.
Et si, rassurez-vous, l'adaptation reste très fidèle, les Frères Foenkinos s'emparent totalement du cinéma et proposent une véritable transposition de l'œuvre.
Ils parviennent ainsi à traduire l'univers à la fois léger et rafraîchissant du livre à travers un film original.
Le cinéma est une autre façon de raconter cette histoire apportant de nouvelles fantaisies et des libertés narratives autres ( comme la voix off au début et à la fin du film ou encore la présence de Sophie, la meilleure amie, qui n'existe pas dans le roman est qui permet à Nathalie d'exprimer son fort intérieur).
Le cinéma permet aussi des trouvailles visuelles, des références et des clins d'oeil ( la scène de la Biscotte n'est pas sans rappeler un certain François Truffaut).

La délicatesse n'est pas vraiment un film sur le deuil, ni vraiment un film triste, c'est un peu ça mais c'est aussi, un film drôle et un formidable hymne au bonheur.
Grâce au cinema, son auteur "se joue"  d'ailleurs des genres. C'est selon lui, une "dramédie" qui se situe entre la Comédie dramatique et la comédie romantique.
Le film joue ainsi sur les apparences, les codes et les genres comme le stéréotype de la comédie romantique du début, qui bascule brutalement dans le drame improbable, puis dans l'humour parfois loufoque et absurde lorsque apparaît Markus. Le retour au bonheur est possible, il suffit de beaucoup d'amour et un peu d'humour pour que Markus, aussi laid qu'insignifiant, détienne  la potion magique, celle qui fera "revivre" Nathalie...

La musique originale et intime d'Emilie Simon, extraite de son album, Franky Knight, apporte une résonance inédite et particulière au film. Inspirée de sa propre vie, elle est dédiée à son compagnon, décédé en 2009. Comme Nathalie, Émilie Simon face à la mort prématurée de l'être aimé, frôle la souffrance mais ne s'y accrochent pas. Touchante, douloureuse mais jamais sinistre, la musique d'Emilie Simon arbore plusieurs couleurs, celles de l'avenir, de l'amour et de l'espoir.


Premier film, première réussite: La Délicatesse est un film sensible qui offre une version cinema aussi pétillante que sa version originelle, un film lumineux qui tient ses promesses avec un couple de cinéma aussi touchant qu' inattendu: Audrey Tautou est Nathalie, juste et fragile, François Damiens incarne Markus, surprenant et touchant.
La Délicatesse des Frères Foenkinos remporte déjà tous les suffrages. Après le Prix d'Interprétation à François Damiens au Festival de Sarlat, le film bénéficie, chose rare, du triple label de Qualité, celui  des salles Gaumont et Pathé, UGC, Kinépolis.
La Délicatesse sort en salles le 21 décembre, une façon de clôturer en beauté 2011, une belle année pour le cinéma français, avant d'entamer 2012!

 

Lambinet Lorraine

 

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  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour
  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour

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