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22 juin 2008 7 22 /06 /juin /2008 22:36



Odd Horten, chauffeur de locomotive en fin de carrière, s'apprête à partir à la retraite.
Il effectue ses derniers trajets pour Bergen, ville de destination et terminus de sa ligne ferroviaire.

Odd nous est décrit avant tout à travers sa vie professionnelle faite de routine et de redondance. Le début du film insiste ainsi sur l'effet de répétition des faits et gestes, des trajets effectués par ce personnage ordinaire à la vie   monotone.
Le traitement du film bascule soudainement au moment même où Odd reçoit "la locomotive d'or", ce prix récompensant le retraité pour ses bons et loyaux services. Pour Odd, désormais, plus rien ne sera plus jamais comme avant, un autre monde s'ouvre à lui.
Tel un changement de voie ou une nouvelle destination, après avoir effectué le même trajet des années durant, Odd quitte son quotidien pour de nouveaux horizons. L'originalité du film réside dans l'incongru des situations dans lesquelles va se retrouver le personnage à son insu.
Le pot de départ du futur retraité n'aura ainsi jamais lieu, du moins pas en sa présence. Tout concorde pour que le retraité ne puisse pas arriver à cette fête donnée en son honneur. Cela commence par une sonnette defectueuse, qui contraint Odd à emprunter un échaffaudage pour pouvoir accéder à l'appartement où se déroule la soirée. Empruntant un appartement voisin, il accède à une chambre où il se retrouve prisonnier d'un enfant qui ne parvient pas à s'endormir.
Plus tard, il se retrouve passager d'une citroen DS conduite par un chauffeur qui conduit les yeux bandés!
  
L'approche burlesque  des situations nous livre un portrait original et touchant voire même poétique d'un sujet, bien peu traité au cinéma, celui des retraités. Le cinéaste norvégien Bent Hamer aborde le thème de la vieillesse de manière originale et optimiste  ( Dans Eggs (1995) il abordait déjà ce thème  à travers l'histoire de ces deux frères de 75 ans). Plutôt que de souligner une certaine forme d'exclusion ou de solitude du retraité, le film est un hymmne à la retraite, au renouveau, à la nouvelle vie .
Désormais plus rien ne sera comme avant, une nouvelle vie commence pour Odd qui abandonnera son uniforme pour des bottes à talons rouges...Le film est d'ailleurs dédié à la maman du réalisateur, une ancienne skieuse, dont une scène du film lui rend magnifiquement hommage.

Océan Films


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25 avril 2008 5 25 /04 /avril /2008 11:05

  Films sans Frontières

 LA NUIT DES MORTS-VIVANTS  de Romero est le premier volet de la saga des zombies.  Une saga entamée donc en 1968 avec ce film, puis suivit par quatre autres dont le dernier en date est sorti en 2008.

 Plus engagé qu’il n’y paraît,  ce film est en premier lieu un film politico-social  avant même d’être un film de genre.

En effet, si Romero, utilise les codes propres au film d’horreur, un genre longtemps ignoré et méprisé, c’est pour mieux les transcender et dénoncer les travers de la société américaine.  Le scénario de Romero se veut brut et sauvage et ce afin de dénoncer une réalité bien plus cruelle. Le film de zombies, et c’est souvent le cas dans les films de série B, n’est qu’un prétexte. Cela donne  des films beaucoup plus intéressants que de simples explosions de gore.  

 Si  ZOMBIE, deuxième volet de la saga ( sorti en  1978)  réponds aux codes du film gore avec son lot de décapitations et autres boucheries, il est avant tout une critique acerbe de la société de consommation et du capitalisme.

 Quant  au film,  LE JOUR DES MORTS-VIVANTS , daté de 1985, si  il se complaît dans le cannibalisme, démembrements, et une fourmilière de cadavres cela est avant dans le but de  pointer  le totalitarisme, l’individualisme et un certain égoïsme primaire.

  En 2005, avec LAND OF THE DEAD, Romero signe un brûlot contre l’Amérique de Bush et une société encore  traumatisée  par l’empreinte du 11 septembre 2001.

 En 2008 DIARY OF THE DEAD marque le retour des zombies de Romero. Cinquième et dernier volet,   il y aborde le problème de la communication dans une société où les médias ont les pleins pouvoirs.

Chaque film de la saga reflète à sa manière le climat politique et social de son époque. Chacun requiert un sens propre (re)placé dans un contexte précis celui de la période dans laquelle il est sorti en salle.

 Dans LA NUIT DES MORTS-VIVANTS,  Ben, le héros principal est noir, courageux et fonceur,  et le méchant est blanc, lâche et égoiste donnant au film sa dimension politique dans une Amérique puritaine et conservatrice attachée à ces valeurs.  La dualité Blanc-Noir est clairement une métaphore des Etats-Unis des années 60 durant laquelle règne une importante discrimination raciale. 

   Pour Romero, ce n’est pas le mort-vivant la véritable menace de l’histoire mais bien la folie et la barbarie des hommes. Si  le mort-vivant  représente la menace, le danger, le mal,  il n’est pas le mal.  

Ainsi, le héros noir sera ainsi abattu lâchement par les chasseurs de morts-vivants, venus « délivrer » les occupants de la maison, persuadés d’avoir à faire à l’ennemi. Cela renvoie aux turbulences de la société américaine des  années 60. Si Martin Luther King œuvre pour la paix et contre la ségrégation et la discrimination raciale, des émeutes se généralisent un peu partout sur le territoire. Les ghettos noirs réagissent par la violence face à l’injustice et se réclament du « Black Power » contre le « Ku Klux Klan ». Deux sociétés, une noire, une blanche, séparées et inégales divisent le pays. Deux Amérique, une identitaire et revendicative face à une autre Conservatrice et raciste. Une Amérique engagée dans la Guerre du Vietnam  d’où émane un climat de violence. Lors d’un discours, il exprimera ses doutes quant au rôle et à l’attitude  des Etats-Unis dans la Guerre du Vietnam. Une guerre, à ses yeux injuste, mauvaise et vaine. Il dénonce une Amérique raciste et militariste et criminelle. Il accuse le pays d’avoir tué un million de vietnamiens, en majorité des enfants.

Malgré, le symbole d’espoir qu’il incarne et son engagement pour la « non-violence », il est assassiné par un blanc  en  1968.

 Difficile de ne pas mettre en corrélation Martin Luther King avec le personnage noir, seul véritable héros du film, qui tentera vainement l’entente dans le groupe au sein de la maison. Il ne sera  pas couronné et  trouvera très vite la mort, abattue sans réserve par des policiers le confondant avec un monstre.  

 Si le film est,  sans équivoque, une critique d’une Amérique raciste, il est aussi le reflet d’une Amérique des années 60, engagée dans la Guerre Froide. Une période enclin à une peur de l’autre, de l ’étranger . Durant un flash d’information radio, on évoque l’idée de radiations atomiques qui seraient à l’origine de la « résurrection » de défunts, les morts-vivants. L’idée de radiation est directement liée au contexte de guerre Froide , véritable course aux armes, en l’occurrence nucléaires,  et qui fait régner la peur dans le monde entier. Si, le mort-vivant est une représentation métaphorisé de l ’ ennemi, l’ennemi n’est pas celui qu’on pense être.

A l’intérieur de la maison, personne ne survivra. Pour la plupart,  non pas victimes des morts-vivants mais bel et bien de l’être humain.  En effet si le conflit est situé à l’extérieur de la maison c’est bel et bien à l’intérieur de celle-ci, qu’auront lieux les principales atrocités du film. Les vivants ne s’entendent pas entre eux et finiront tous par s’entretuer.

« L’enfer c’est les autres » selon la célèbre pensée sartrienne et selon laquelle l’Homme est un étranger pour l’Autre. La maison,  tel dans un « huis-clos », enferme nos personnages, où le vivant est un ennemi potentiel au même titre que les morts-vivants qui menacent dehors et qui deviennent presque secondaires à l’action. Les plans gores des victimes dévorés par les zombies sont en comparaison plutôt rares. D’ailleurs, la raison de leur apparition suite à des radiations ne sera pas davantage expliquée   et restera de ce fait accessoire à l’action.

Plutôt que de filmer les zombies, plans pour la plupart très courts, Romero s’attarde plus volontiers sur les victimes hystériques et terrorisées, filmées en très gros plans à l’intérieur de la maison, nous donnant à voir une image effroyable, celle des humains. 

L’enfermement des personnages dans la maison, dans laquelle le danger est omniprésent, est le véritable enjeu du film. Cette idée est présente, et ce dès le début, lorsque le couple avant de se rendre au cimetière, prends soin de remonter les vitres de la voiture. Filmé,  à travers les vitres, à l’intérieur du véhicule, il  nous apparait tels des animaux dans leur cage. Ces quelques plans portent en eux les prémices du drame à venir, celui de l’enfermement inexorable  qui  les mènera à leur propre perte.  

 Ben et le propriétaire blanc de la maison connaissent des tensions et ne s’accordent pas sur la méthode employée afin de protéger l’habitation de la menace des morts-vivants. Si l’un propose de barricader toutes les fenêtres, l’autre est convaincu que seul la cave est un lieu sur. Ben finira par tuer à bout portant cet autre, devenu trop gênant, déterminé à sauver sa peau sans se soucier du sort des autres.

Inconscient, un couple s’échappe de la maison et tente de récupérer le véhicule garé à côté d’une pompe à essence, une maladresse leur sera fatale, les transformant en torche humaine.

La petite fille, mordue au préalable, finira par tuer ces deux parents.

Au fur et à mesure de l’histoire, les relations humaines se désagrègent, menant chacun à sa propre perte. Chacun participe à sa manière à sa fin proche et creuse sa tombe. La maison, en premier lieu, voit ses fenêtres et portes condamnées, puis, par la suite, complètement  plongée dans le noir, suite à une panne d’électricité, devient la métaphore d’un tombeau.

 Finalement ce n’est pas la non-explication quant à l’apparition des morts-vivants qui frappent mais c’est avant tout les actes pour le moins irrationnels, individualistes, illogiques  auxquels se livrent les humains entre eux. La monstruosité ne réside pas là où on l’attendait mais avant tout dans la perte des relations humaines dans une société individualiste, une fin du monde, une véritable apocalypse. 

Le fantastique est une parabole à l’expression de la critique sociale. Sous un premier degré angoissant se développe une véritable satire sociale d’où se dégage une vision fataliste pessimiste du devenir de l’Homme.

Les zombies sont les produits d’une société malade qui aura engendré ses propres monstres, celle de la guerre froide orchestrée par l’être humain lui-même. Romero pousse le vice, par une représentation somme tout naturelle et humaine du mort-vivant. Pas de surenchère de maquillage ou d’effets particuliers pour nous représenter « l’ennemi » mais au contraire, il nous est représenté comme le portrait conforme de son géniteur qu’est l’humain.

C’est souvent une période sombre de l’Histoire qui donnera naissance aux plus grands chefs-d’œuvre du septième Art.

Si l’expressionnisme allemand  (date clef : 1919-1930) émerge  au lendemain de la première guerre mondiale dans une atmosphère de malaise et de révolte, il donnera naissance à un film-clé de l’histoire du cinéma d’horreur, le NOSFERATU de Murnau (1922).

 Le film est fortement imprégné du contexte culturel et politique de l’Allemagne des années 20, révoltée et humiliée par la défaite.

En 1838, une épidémie de peste ravage Brême. Nosferatu est un mort-vivant qui boit le sang des jeunes gens nécessaire à sa survie.

En historien et en théoricien du cinéma Siegfried Kracauer écrit en 1947, De Caligari à Hitler, une histoire psychologique du cinéma allemand. Il démontre comment le cinéma peut explorer les zones d’ombre d’une société traumatisée et ainsi devenir  un exutoire.

 Le cinéma de Romero trouve ses origines avec la guerre froide, la guerre du Vietnam, le racisme, les années Reagan (1981-1989)), le 11 septembre,  et peut-être envisagé, à ce titre,  comme un véritable document culturel, un témoignage social, une source d’informations sur la société qui l’a produit.  

 

LA NUIT  DES MORTS-VIVANTS et toute la saga de Romero est un véritable pamphlet celui d’une réflexion sur le cinéma et l’histoire. Au même titre que des livres d’histoire, il nous livre un témoignage, celui de l’histoire des sociétés. 

 



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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 17:02

Wild Bunch Distribution


     Avec L’ORPHELINAT, Juan Antonio Bayona apparaît comme le nouvel espoir du cinéma espagnol en signant le plus grand succès de tous les temps dans son pays. Salué unanimement par le public et la critique, le film a remporté 7 Goyas ( l’ équivalent des César en Espagne) dont celui du meilleur scénario ainsi que le Grand Prix  au festival de Gerardmer. L’orphelinat est la révélation de cette année, à ne pas manquer !

Laura souhaite créer un centre pour handicapés. Pour cela, elle fait, avec son mari médecin, l’acquisition de l’orphelinat, qu’  elle a, elle-même, fréquenté étant enfant. C’est avec Simon, leur fils adopté et porteur du VIH, qu’ils emménagent. Simon est un enfant qui refuse de grandir et si  il adore les contes merveilleux, il vit dans un monde totalement coupé de la réalité en compagnie d’amis irréels et invisibles. Lors d’une fête donnée dans la nouvelle demeure, Simon disparaît soudainement. Pour Laura débute une véritable quête au cours de laquelle elle mettra l’orphelinat sans dessus-dessous afin de retrouver son fils et découvrir ainsi le mystérieux secret de cet endroit mais aussi le sien...

L’orphelinat rend hommage aux rites et traditions sociales d’une certaine Espagne. Une Espagne où les vivants et les morts vivent ensemble. Le cinéma espagnol est emprunt par cette idée de mort, de fantômes…Dans les films de Alejandro Amenabar ( LES AUTRES, 2001) ou bien encore ceux de Pedro Almodovar, on pose le problème de la culture de la mort, comment l’apprivoiser et vivre avec. Ainsi, dans VOLVER (2006), deux jeunes femmes voient ressurgir leur mère morte depuis des années. Plus que jamais Almodovar parle avec elle : la mort. Une mort mêlée au monde des vivants.

Dans l’orphelinat, le réalisateur met en contact deux réalité celle des vivants ( Simon et sa famille) et celle des revenants ( les orphelins). Les lieux de l’orphelinat restent l’apanage de leurs anciens occupants, les orphelins qui continuent à les hanter. Les enfants, morts prématurément, pourront enfin « vivre » sereinement et ce, seulement lorsque Laura aura « expié » sa faute et accepter son passé. Mais pour cela, elle devra accepter de subir une régression, un retour à l’enfance, sur elle-même et non plus refouler son passé. A ce titre, le film va bien au-delà du simple film de fantômes et de la maison hantée. Les fantômes ne sont pas les méchants mais sont les reflets des souffrances que subissent les personnages.

L’orphelinat est un film original et bouleversant, à mi-chemin entre le conte fantastique (le producteur du film n’est autre que Guillermo del Toro, réalisateur du superbe LABYRINTHE DE PAN dont les influences ne manquent pas) et le merveilleux ( références à Peter Pan et le pays imaginaire des enfants orphelins).

Avec REC sorti également cette année, le cinéma espagnol ne fait que confirmer tout le bien qu’on en pense, celui d’un cinéma en très grande forme !



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  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour
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