Pour la sortie du quatrième long métrage d' Olivier Marchal, LES LYONNAIS, il faut reconnaitre que Gaumont, qui produit et distribue le film, n'aura pas fait les choses à moitié. Rarement question promotion, une conférence de presse n'aura réuni autant d'acteurs. De Gérard Lanvin à Tcheky Karyo, en passant par Daniel Duval, François Levantal, Étienne Chicot, Francis Renaud sans oublier son réalisateur Olivier Marchal ou encore Edgar Marie, son co-scénariste, tous étaient présents afin de répondre aux questions des journalistes lyonnais.
Il faut dire que la Ville de Lyon a un rapport particulier avec ce film, tout d'abord par son sujet mais pas seulement. Le film retrace ainsi les aventures des plus célèbres braqueurs des années 70. Le gang des Lyonnais réalisera pas moins de 35 casses pendant presque 10 ans en Rhône-Alpes. C'est la rencontre déterminante de l'ancien flic avec Edmond Vidal, l'ancien voyou, et pilier du célèbre gang qui est à l'origine de ce projet, " l'une des plus grandes figures du banditisme français de tous les temps" souligne Marchal.
Un voyou respecté même par les flics et dont la rencontre semble avoir marqué et touché l'ancien flic, allant jusqu'à lui faire changer de bord. Après Gangsters, 36 Quai des Orfèvres ou MR 73 ( sans oublier la série Braquo) Olivier Marchal abandonne pour la première fois, un univers qui lui et cher et familier, celui des flics, pour celui des voyous.
Soutenu par Rhône-Alpes Cinéma, Olivier Marchal a ainsi pût tourner pendant 3 mois la totalité du film dans la Cité des Gônes et sa région. Un tournage de grande ampleur qui aura exigé une reconstitution minutieuse des années 70, près de 3000 figurants, et qui aura ainsi rythmé la ville au gré de ses lieux de tournage. De la Place Bellecour à celle des Jacobins, en passant par une autorisation spéciale dans l'ancienne Prison Saint Paul ou encore dans l'enceinte de L'Hotel Dieu ( juste avant sa fermeture au public), de la Place Saint Jean au Château de Fléchères, aucun quartier n'aura été épargné laissant à chacun le souvenir inoubliable d'un tournage accueillant, convivial et sympathique. En effet, pas un seul lyonnais qui n'ai sa petite anecdote à raconter sur ce film tant attendu.
Un an après le clap de fin et surtout 2 mois avant sa sortie, pour notre plus grand plaisir, les Lyonnais se dévoilent enfin...
Malheureusement, le plaisir sera de courte durée. On attendait beaucoup de ce film suite aux 8 minutes, exclusives et prometteuses, présentées en avril dernier à la presse.
Considéré comme le nouveau grand spécialiste du film policier en France, Olivier Marchal, cette fois, déçoit.
Du projet initial, un prestigieux diptyque proche du Mesrine de Jean-François Richet, il ne reste malheureusement pas grand chose. On se souvient des ( nombreux) déboires rencontrés avant même le tournage. Annoncé comme le grand retour au cinema de Alain Delon, qui devait incarner le rôle titre, celui-ci quitte finalement le projet. Quant à Bernard Giraudeau, également pressenti, son état de santé l'obligea à se désister du projet ( décédé en juillet 2010, le film lui est dédié).
Face à ce tournage annoncé, puis repoussé, un scénario mainte fois retravaillé et un casting modifié, Olivier Marchal semble avoir été un peu dépassé par les événements.
Envolée donc, l'idée de deux parties, la défection de Delon met un terme à la saga annoncée, les Lyonnais ne sera qu'un seul et unique film.
Pendant la conférence, il semble même, par moments, ne pas assumer totalement ce film, allant jusqu'à (s') avouer qu'il a "échoué, là où un Martin Scorsese aurait certainement réussit". Un peu désabusé, il confie même "avoir rêvé de faire lui aussi une saga, un film de gangsters sur l'histoire d'une amitié indéfectible dans le style de Il était une fois en Amérique. "
Et si, les influences du réalisateur sont clairement du côté de chez Michael Mann ( comme tous les films de Marchal ), comparez l'affiche du film avec celle de Heat pour vous en convaincre, force est de constater, que n'est pas Michael Mann qui veut...
"C'est le film qui m'a posé le plus de problèmes parce qu'il a été compliqué à écrire, à préparer et à monter" confie le réalisateur. C'est pas moins de 23 versions différentes de montage qui sont proposées dont une version de presque 3h que Marchal trouvera finalement " trop dense, trop touffue, chiante et ennuyeuse".
Juste après le tournage, Marchal s'est engagé (un peu trop rapidement peut-être ...) dans un autre projet, théâtral cette fois, ne lui laissant que peu de temps.
Il finira par déclarer forfait, laissant une autre équipe venir à bout du montage d'une durée finale d'1h42.
Il n'aura échappé à personne, l'amertume avec laquelle l'ancien flic évoque ce tournage, allant même jusqu'à reconnaître avoir eu des doutes sur l'utilité de certaines scènes au moment du tournage. Marchal, se serait-il laissé embarqué et dépassé par un projet un peu fou?
Comme beaucoup, ayant suivi de près le tournage du film, on attendait de voir enfin le nouveau film de Olivier Marchal qui sortira le 23 novembre en exclusivité dans les salles lyonnaises ( le 30 novembre dans toute la France). Force est de constater, pour ceux qui en douterait encore, que ce ne sont pas les gros budgets ( 15 millions d'euros, un des plus gros budget de l'année 2010) qui font les bons films.
Quelle déception de découvrir, qu'à défaut de retracer la véritable histoire du gang, le film n'est en fait qu'une libre interprétation plus ou moins romancée.
L'histoire officielle de Vidal et la fiction de Marchal divergent un peu, allant même jusqu'à inventer un personnage ( serge Suttel incarné par Tcheky Karyo) qui n'a pas existé. On reprochera au film la faiblesse de son scénario, se résumant, à celui d'un simple film d'action et à une succession d'exécutions sans intérêt.
On pouvait s'attendre à un film sur le grand banditisme lyonnais, il n'en est rien, Marchal préférant tomber dans le grand spectacle et le divertissement. N'attendez pas de psychologie ou des faits historiques, il n'y en a pas, ici on coupe les têtes, on torture, on tue les chiens...vous l'aurez compris, la violence est extreme comme dans tous les films de Marchal. Flics ou voyous, ici on a affaire à un monde d'hommes ( des femmes ici, il y en a peu) où les coups sont les seuls moyens de communication et pour répondre à la violence il n'y a que la...violence, "une vie contre une vie" c'est la règle.
Le film est un fourre tout dans lequel vient se télescoper sans cesse passé et présent. Un passé qui ressurgit ( trop ) à chaque moment. Omniprésent il vient bousculer après 25 ans un présent bien tranquille. Un présent qui n'apporte finalement pas grand chose si ce n'est réhabiliter un Edmond Vidal aujourd'hui rangé des affaires.
Certes, On y retrouve les notions d'amitié et de fidélité chères au réalisateur à travers l'histoire de Vidal rattrapé par son passé mais cela ne fait pas un scénario. Et si le film parvient parfaitement à nous faire ressentir ce lien d'amitié entre Momon Vidal, tenté de replonger, et Serge Suttel ( personnage de fiction) tout autour gravite un nombre incalculable de personnages très peu développés et sans grande importance.
Comme à l'accoutumée, le casting est incroyable, offrant de vraies gueules de cinéma mais cette fois tout le monde ne trouve malheureusement pas sa place. Dommage!
Lambinet Lorraine
Photos de La Conférence de presse du film à Lyon. Sofitel-Lyon, le 20 septembre 2011. PHOTOS: Lambinet Lorraine.
L'affiche du film LES LYONNAIS et celle de HEAT de Michael Mann...